Compresseur
15.12.24 > 06.04.25

Daniel Turner / Compresseur

 

Depuis une dizaine d’années, l’artiste américain Daniel Turner travaille à partir de sites désaffectés dont les infrastructures sont encore chargées de la présence humaine des anciens occupants ou usagers. Dans ce contexte, il faut entendre par « site » le lieu d’implantation d’une activité industrielle (usine, laboratoire…) ou d’une institution dite « totale » (hôpital psychiatrique, prison…). Rudes et inhospitaliers, à la limite invivables, ces sites exercent néanmoins une forte attirance sur l’artiste qui se tourne vers eux pour en sonder les ressources esthétiques. Divers objets, matériaux ou équipements abandonnés dans les entrailles du lieu sont ainsi prélevés en vue d’être exposés tels quels, ou traités par des procédés de réduction ou de transformation. La prédilection de l’artiste pour les métaux, liée en partie au métier de son père (soudeur sur un chantier naval et ferrailleur), le rapproche de l’alchimiste qui cherche à transformer le plomb en or, à sublimer le rebut et à « rendre visible l’invisible » : l’âme des objets, l’atmosphère des lieux, l’esprit des matières. Pour sa première exposition muséale en Belgique, Daniel Turner s’est tourné vers un site extrêmement chargé : l’ancienne prison de Forest (1910-2022).
 


« La base de mon travail est archéologique. Quand je parle de mon processus de travail, j’utilise le mot "creuser", car je travaille, en quelque sorte, comme un mineur amateur : localiser les matériaux, trier ces matériaux, extraire ces matériaux.»

Daniel Turner

La prison de Forest


Située à l’Avenue de la Jonction, face à la prison de Saint-Gilles, la prison de Forest, aujourd’hui définitivement fermée, a ouvert ses portes en 1910. Elle a été conçue par Édouard Ducpétiaux – créateur du système pénitentiaire belge – selon le modèle de type cellulaire, en s’inspirant du principe du panoptique inventé dès 1791 par Jeremy Bentham. Le modèle cellulaire se distingue cependant du panoptique ; il a été imaginé pour séparer les détenus dans leur quotidien plutôt que de permettre leur observation constante. 

Son architecture, représentative des établissements pénitentiaires du 20e siècle, se déploie en quatre ailes cellulaires disposées en forme d’étoile et reliées au centre par les bureaux de surveillance. À l’origine, hommes et femmes y étaient enfermés dans des ailes distinctes. En 1921, une annexe psychiatrique vient compléter le bâtiment. 

Dès les années 1980, la prison de Forest fait face à de graves soucis de surpopulation carcérale. Les cellules, prévues à l’origine pour deux personnes (9m2), doivent désormais en accueillir trois. Manque de place, absence de toilettes, insalubrité, vétusté sont le lot quotidien des détenus. À titre d’exemple, en 2012, la prison comptait 706 détenus pour une capacité totale de 405 cellules. En 2013, les conditions de détention sont pour la première fois jugées dégradantes par le CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants). En novembre 2022, les derniers détenus de la prison de Forest ont été transférés au « village pénitentiaire » de Haren qui regroupera, à terme, l’ensemble des détenus des trois prisons bruxelloises : Saint-Gilles, Forest et Berkendael. 

Aujourd’hui, de nombreuses associations luttent pour l’émergence d’un nouveau modèle carcéral plus humain à l’image de certaines expériences menées en Allemagne et en Finlande.

Agenda lié à l'exposition

MACS - Agenda - Balade contée
Famille

Balade contée

27.12.24
MACS - Agenda - Atelier Origami
Famille

Atelier Origami

29.12.24
MACS - Agenda - Balade contée
Famille

Balade contée

03.01.25
MACS - Agenda - Atelier Origami
Famille

Atelier Origami

05.01.25
Tous les événements