Le musée sera fermé les 24, 25 & 31 décembre ainsi que le 1er janvier 2024. Fermeture de l'artshop le 2 janvier.
James Welling. Cento
Quatre ans après Metamorphosis, l’exposition rétrospective que le S.M.A.K. a consacrée à l’œuvre de James Welling en parcourant plus de vingt séries de photographies réalisées depuis les années 1970, le MACS invite l’artiste américain à présenter le travail photographique qu’il mène actuellement sur l’architecture et la statuaire de l’Antiquité gréco-romaine.
Intitulée Cento en référence à la pratique ancienne du ‘centon’, désignant l’assemblage de fragments de diverses œuvres poétiques ou musicales, cette nouvelle série trouve son origine en 2018, au Met (Metropolitan Museum of Art) de New York, lorsque James Welling prend des photographies du buste d’une impératrice romaine d’origine syrienne, Julia Mamaea, qu’il imprime ensuite en différentes couleurs grâce à un ancien procédé d’impression, la collotypie.
Ému par la fluidité des colorants imprégnant le portrait autant que la pierre et redonnant au visage sa carnation, James Welling réalise que ce rendu délavé et diaphane opère dans le temps une double remontée : vers la statuaire polychrome de l’Antiquité et vers la photolithogravure noir & blanc des premiers albums consacrés aux missions archéologiques du 19e siècle.
Ces multiples tirages réalisés à partir d’un seul et même négatif de Julia Mamaea, image séminale et matricielle, déboucheront ensuite sur plusieurs visites de sites et de musées, notamment à Athènes et Éleusis, ainsi que sur l’étude des théories des couleurs dans l’Antiquité, en particulier celle d’Aristote. L’observation des objets colorés que celui-ci effectue dans la nature, chez les plantes notamment, trouve un écho étrange et lointain dans le processus photographique de James Welling, à travers sa description des phénomènes de fixation, de rinçage ou de virage des teintes, par exemple du vert des feuilles.
Cependant, cette conception archaïque des couleurs à laquelle font songer poétiquement les photographies de Cento, installées d’ailleurs dans l’exposition face à un wall painting reprenant le nuancier et les couleurs d’Aristote, n’est pas la seule destination du voyage temporel de James Welling. Depuis 1998, celui-ci se tourne vers les technologies numériques et la palette colorimétrique du logiciel Photoshop, avec le bénéfice esthétique de « libérer la couleur » du carcan du sujet et de sa condition historique : « Des couleurs intenses et de la feuille d’or mettaient en valeur textiles, cheveux et carnation », explique-t-il à propos de Cento et de son hommage à la statuaire grecque ; « les reconstitutions modernes de cette polychromie étonnent les visiteurs encore habitués à la pureté de l’idéal de beauté néoclassique. Mais je ne me suis pas uniquement intéressé à recréer la palette des Grecs anciens. Avec la technologie numérique, j’ai appliqué sur les sculptures des couleurs clairement antinaturelles dans l’idée que celles-ci s’infiltrent dans la pierre ancestrale et prennent vie indépendamment. »
Commissaire de l’exposition : Denis Gielen
Le procédé Cento
Pour réaliser un Cento, j’utilise une imprimante laser pour imprimer une image en couleur hautement saturée sur une plaque lithographique en polyester. Dans la lithographie, l’encre n’adhère qu’aux parties hydrophobes (qui repoussent l’eau) de la plaque, et ici le toner de carbone de l’imprimante laser repousse l’eau et attire l’encre. Je tamponne alors la plaque avec une éponge imbibée d’eau, puis je me sers d’un petit rouleau pour étaler des couches d’encre noire ou bleue semi-transparente sur la plaque humide. Ces minces glaçures d’encre foncée ramènent les couleurs hautement saturées de l’impression laser à un niveau normal. Enfin, au lieu d’imprimer la plaque encrée sur du papier, je l’expose comme étant l’œuvre elle-même.
Bien que les lithographies soient traditionnellement imprimées avec de l’ « encre litho », une pâte dure à l’odeur nauséabonde, je trouve la peinture à l’huile plus souple et agréable à travailler. Dans plusieurs Centos, j’ai ajouté au pinceau de la peinture et des pigments en poudre sur certaines parties de l’image encrée, ou j’ai retiré la peinture de zones sélectionnées, ce que l’épaisseur de l’ « encre litho » aurait rendu impossible. Lorsque j’applique la peinture à l’huile sur la plaque, des imperfections − rayures, gouttes et ruisselets de couleur − apparaissent à la surface de l’image. Le résultat est unique, à la fois tableau et photographie.
James Welling
Peinture murale pour Aristote et Vitruve
2021
Dans Peinture murale pour Aristote et Vitruve, j’ai pris les termes de couleurs découverts dans le De Coloribus d’Aristote et le De Architectura de Vitruve et je les ai translittérés en un tableau. La translittération consiste à transcrire l’alphabet d’une langue en un autre alphabet. Cette légère discordance entre les langues peut faire l’objet d’ajustements et de corrections.
James Welling
Dossier pédagogique et activités
MACS - Dossier pédagogique - James Welling - Comme le mur qui attend le lierre
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James Welling
James Welling est né à Hartford, Connecticut en 1951. Il a étudié les arts plastiques à l’Université de Carnegie-Mellon ainsi que la danse moderne à l’Université de Pittsburgh. Jusqu’en 1974, il étudie au California Institute of the Arts. Aujourd’hui, il vit et travaille à New York.
Le travail de James Welling peut se définir par la volonté d’expérimenter sans relâche. Au début de sa carrière, il s’essaie à la peinture, à la vidéo, à la sculpture et à la performance avant de se concentrer sur la photographie dès le milieu des années 1970. Autodidacte, il commence à explorer les possibilités de ce medium en expérimentant de nombreuses techniques. Il appartient à la Pictures Generation, acclamée pour son approche innovante de la photographie dans les années 1970 et 1980. S’intéressant avant tout au caractère imprévisible de la photographie, James Welling explore une variété de thèmes, se confronte à la matière, à l’abstraction, à la couleur et à l’espace.
Dernièrement, il a eu d’importantes expositions monographiques au S.M.A.K. à Gand en 2017, au Henry Art Gallery, University à Washington en 2016 et au Art Institute de Chicago en 2014. Deux importantes expositions, respectivement en 2012 et 2013, offraient un aperçu de son travail dans son ensemble : Monograph, organisée par le Cincinnati Art Museum et le Hammer Museum à Los Angeles, et The Mind on Fire, qui s’est tenu à la MK Gallery à Milton Keynes en Angleterre, au Centro Galego de Arte Contemporánea à Saint-Jacques-de-Compostelle, et à la Contemporary Art Gallery à Vancouver.
En 2014, James Welling a reçu le Infinity Award du International Center of Photography, New York et, en 2016, l’Excellence in Photography Award du Julius Shulman Institute à Woodbury, Californie.